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Eliana Assassi rappelle que « cette loi Travail est une commande de Bruxelles »

Perspective communiste

Alors que le dossier était porté par Dominique Watrin, la présidente du groupe communiste au sénat a porté haut la parole des manifestants

Si les questions d’actualité ont aujourd’hui été annulées pour permettre le débat sans vote sur le projet européen et les conséquences du Brexit, le vote sur le projet de loi Travail a été maintenu. Entretien avec la présidente du groupe communiste, Eliane Assassi.

Votre regard sur la bataille qui se termine aujourd’hui ?

C’est une belle bataille que nous avons menée dans le sens où nous avons porté 402 amendements que nous avons non seulement défendus mais expliqués. Car notre objectif n’est pas seulement de nous opposer mais de construire. Nous avons donc « tricoté » une véritable alternative au texte du gouvernement et a celui concocté par la droite sénatoriale qui s’est montrée très « ambitieuse » pour casser le droit du travail, même si elle bénéficiait certes, d’un sacré socle dans la proposition du gouvernement.

Une bataille qui s’est également menée hors les murs ?


Notre leitmotiv est de la rue à l’hémicycle et il a pris une portée particulièrement importante à l’occasion de cette loi Travail de part la mobilisation totalement exemplaire du mouvement social. Dès qu’ils le pouvaient, nos sénateurs étaient donc à côté des manifestants, pour partager la colère des salariés, des jeunes, des syndiqués… et la faire entendre ensuite durant le débat parlementaire. Nous avons aussi lancé une initiative sur internet pour récolter des témoignages de militants ou de simples citoyens dans le même objectif.

On a donc eu une parole de vérité dans l’hémicycle et ce malgré la violence du gouvernement et notamment le Premier ministre qui était absent des débats mais se permettait, lors des questions d’actualité, d’être agressif et de réduire les manifestations à des casseurs.

On va vous remettre aujourd’hui la votation citoyenne ?

Que nous allons porter devant tout le monde à l’occasion de l’explication de notre vote par Dominique Watrin. Mais au-delà, concernant « l’avenir », je voudrais attirer l’attention sur le fait que le seul endroit où le gouvernement a décidé de débattre sur ce projet de loi, c’est au sénat et avec la droite. Il est donc possible que dans la version qui retournera devant les députés il y ait encore quelques propositions de droite. Il nous faudra être vigilant devant cette version « aggravée ». Ce qui n’empêchera pas le recours au 49.3 comme cela semble d’ores et déjà envisagé.

Les dernières informations concernant le Brexit, l’Espagne… ont-elles une incidence ?

Nous sommes dans une période extrêmement mouvante et changeante et il y a de nombreux points d’interrogations. Mais à l’heure où l’on s’apprête à un débat autour de l’Europe [sans vote, programmé aujourd’hui à l’Assemblée nationale et au Sénat] nous devons nous rappeler que cette loi Travail est une commande explicite de Bruxelles. Une commande écrite noir sur blanc dans le courrier envoyé à la France à l’occasion du semestre européen.

Cela introduit d’ailleurs une nouvelle phase dans le fonctionnement de nos institutions : le Parlement n’est plus là pour légiférer mais pour ratifier. D’où l’absence de débat, d’où le recours au 49.3 pour imposer le texte à l’Assemblée nationale.

C’est une logique générale à l’oeuvre auquel le parti socialiste semble globalement se préparer si on en croit le dernier entretien de Matthias Fekl, secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, sur la question des institutions publié dans Libération. Mais cela a pris une dimension toute particulière avec la loi Travail. Cela a même été un exemple type.

http://www.lamarseillaise.fr/analyses-de-la-redaction/dossier-du-jour/49997-il-faut-se-rappeler-que-cette-loi-travail-est-une-commande-de-bruxelles


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